MOKUSO
Quelques remarques intéressantes sur le Mokuso, qui signifie littéralement « penser en silence », et que j’extrais du numéro du mois de Juin de la revue Kendo Nippon:
Les origines exactes du Mokuso ne sont pas connues. Il semble que le Mokuso ait été introduit dans le Kendo vers 1898 (voilà encore quelque chose qui va décevoir ceux qui pensent que Miyamoto Musashi bouffait du Mokuso à son petit déjeuner) et qu’il n’existait pas auparavant. La position du Mokuso diffère notablement de la position adoptée en Zen (en Kendo le Mokuso se pratique en Seiza, alors qu’en Zen la position assise est « en tailleur ») sans qu’on connaisse les raisons exactes de cette différence.
Les buts du Mokuso sont exprimés par l’expression « Kokyu wo totonoeru, kokoro wo totonoeru » dans laquelle Kokyu est la respiration, Kokoro le cœur, l’esprit, et le verbe Totonoeru signifie arranger, ajuster mais aussi préparer. Bref aux ambiguïtés près de la langue japonaise il s’agit d’ajuster sa respiration et de se préparer mentalement. « Ajuster sa respiration » : ce qui est important c’est de se concentrer sur sa posture (la corriger) et sur sa respiration.

Mon premier professeur de Kendo (Hanshi 8 dan) ne donnait d’ailleurs pas l’ordre « Mokuso », il annonçait « Shinkokyu 10 kai » (« 10 respirations profondes »), voire « 20 kai » ou même « 30 kai ». Respirer régulièrement est en général un exercice recommandé pour se détendre. De ce point de vue il constitue une excellente introduction à une séance d’activités physiques intenses. « se préparer mentalement » : beaucoup de pratiquants se demandent à quoi penser pendant le Mokuso.

L’expérience montre que si on se concentre suffisamment sur sa respiration, il est difficile de penser à quelque chose, mais c’est un exercice difficile. De façon générale on peut penser à ce que l’on veut, l’idée générale étant en quelque sorte de « purger » son esprit pour aborder le geiko dans l’etat d’esprit que les Japonais appellent « Mushin » (sans sentiment). Après le Keiko on pourra réfléchir au Keiko qui vient de s’achever, et essayer d’en tirer quelques leçons ou sujets de réflexion. JJ. LAVIGNE (2001)