Traduit de l’anglais par Roland Haroutiounian à partir du texte original de Geoff Salmon sur le site Kendoinfo.net.

L’auteur répond ici à une question :

« Helton demande la différence entre kigamae et zanshin. Cette question mérite une réponse un peu développée. Dans le Japonais courant, Kigamae représente une disposition mentale ou une approche. Selon le dictionnaire Japonais-Anglais du Kendo de l’AJKF, la signification du kigamae est « l’état dans lequel la totalité du corps du pratiquant est en alerte et prêt à réagir aux mouvements du corps et de l’esprit de l’opposant qui précèdent une attaque ». En effet, il s’agit d’une « posture mentale », un état de conscience dans lequel on est focalisé sur l’opposant. Le point important du kigamae est l’anticipation du mouvement de l’opposant par la disponibilité à attaquer. L’explication la plus basique dans le kendo de la signification du zanshin est « un état de conscience après l’attaque ». Le concept de zanshin est toutefois bien plus complexe. Dans le Zen, zanshin signifie un suivi complet vers la finalité de l’action, ne laissant aucune trace. Zanshin signifie « l’esprit qui reste » et aussi « l’esprit sans reste ». Cette dichotomie est aussi reprise par les explications que j’ai pu entendre à propos du nokori, le souffle restant après une attaque et le kiai. A la fois pour le souffle et pour la conscience, la thèse est qu’ils restent et qu’ils ne restent pas. Zanshin et nokori sont étroitement liés. Un flux typique du tobikomi men serait transcriptible par :
  • Respirer
  • maintenir le souffle
  • faire le kakegoe, expirer une partie du souffle retenu
  • avancer en conservant le souffle
  • continuer à garder le souffle de manière contrôlée
  • se lancer à partir du pied arrière et frapper le men en un seul temps, expirant le reste de son souffle
  • se déplacer vers une distance de sécurité
  • se retourner et faire face à son opposant en chudan no kamae tout en conservant sa respiration, étant alors prêt à attaquer à nouveau.
En termes pratiques, le zanshin est la conscience continue de son opposant après avoir attaqué. Vous devriez être dans une position vous permettant d’attaquer à nouveau instantanément si il (ou elle) fait un mouvement vers vous. J’imagine que ce serait encore plus évident pour les pratiquants de Iai où le zanshin est matérialisé par le regard intense après avoir délivré la coupe finale. Au risque d’exposer ici mon ignorance, j’ai l’impression que même au moment de rengainer le sabre dans la saya, le geste est réalisé avec l’idée d’être capable de couper à nouveau si les circonstances l’exigent. Pour résumer — kigamae est l’état où l’on est prêt à le faire avant de le faire. Zanshin est l’état où l’on est prêt à le refaire après l’avoir fait. «