par Serge Degore

Le mot Shisei est composé des deux kanji 姿勢.

Le premier 姿 se prononce seul sugata ou shi. On retrouve ce terme dans l’expertise du sabre pour pointer l’architecture générale d’une lame. On peut le traduire par apparence, forme, attitude.

Le deuxième 勢 se prononce sei ou ikio. On peut le traduire par énergie, vigueur.

Ce nom de shisei exprime donc une attitude énergique ou attitude vigoureuse, l’une influençant l’autre et inversement. Cette posture du corps doit se préserver dans tous les déplacements et dans toutes les actions. C’est à partir du shisei correct que se construit également la respiration ventrale et vice versa. Il s’agit donc d’une notion qui se construit de façon à la fois externe et interne.

Concernant la forme externe le shisei convenable nécessite la mise en œuvre de plusieurs paramètres.

Une attitude souple sans tension musculaire, permettant la disponibilité du mouvement.

  • Un positionnement de la colonne vertébrale permettant un empilement vertébral dans un respect des différentes courbures naturelles
  • Un positionnement de la tête avec une impression de la nuque s’étendant vers le haut
  • Les épaules basses, permettant un appui sur le diaphragme
  • Une légère rétroversion du bassin

Dans le schéma suivant nous pouvons trouver les principales déformations vertébrales nuisibles à un bon shisei, dans une posture pieds joints. La verticale tracée du sommet du crâne aux pieds montre la répartition des appuis. Ce même positionnement de l’empilement vertébral est conservé lors des déplacements.

En A, le positionnement correct. Le dos est droit et les appuis stables sont placés dans cette verticalité. L’empilement vertébral prend appui sur la cinquième lombaire. La sensation de pousser légèrement vers l’arrière au niveau lombaire doit exister. Les muscles dorsaux latéraux sont en tension. En B la courbure dorsale est exagérée (cyphose) impliquant la tête vers l’avant. La verticalité se décale. En C, la courbure dorsale et lombaire est exagérée (cyphose/lordose). Les fessiers sont positionnés en arrière (position dite « dejiri Hatomune 出尻鳩胸 », « cul sorti et poitrine de poulet ! ») En D, le dos est plat, donnant une fausse illusion du bon shisei. Dans le cadre de la pratique du sabre, l’élan vers l’avant et le poids de l’outil (que ce soit katana, iaito ou boken) tend à détruire partiellement le shisei. On rencontre cet effet également en jûjutsu, lors des oei tsuki par exemple. Il est nécessaire d’y être vigilant dans un premier temps. Concernant l’aspect « interne » de la position, l’intérêt est de trouver une action qui tend à passer par le tanden pour se transmettre vers le sabre. Cela se résume à l’idée d’être derrière le sabre et non dessus le sabre, avec un ancrage au sol, par la conséquence d’un abaissement du centre de gravité sans pour autant que cet ancrage nuise à la disponibilité, bien au contraire, étant un atout pour l’équilibre du corps. La difficulté que nous pouvons rencontrer est le maintien du shisei dans la dynamique des mouvements et déplacements, ce qui demande un apprentissage progressif, ne pouvant résumer la posture au simple fait de la rectitude du dos.