Kendo World 6.4 (Kendo World Magazine Volume 6)

Par Nakano Yasoji (H9-dan) (Traduit en anglais par Alex Bennett) – Traduit de l’anglais par Roland Haroutiounian

Le Kirikaeshi a longtemps été l’exercice de base de l’entraînement de kendo. Il est primordial d’expliquer la meilleure façon de l’exécuter.

Je pense qu’il y a trois points en particulier qui nécessitent de l’attention.

Le premier est la respiration. Après avoir exécuté le premier men, vous devez prendre une grande inspiration et exécuter les men suivants avec une seule expiration. Beaucoup de persones ont tendance à exécuter chaque men avec une expiration. C’est la mauvaise manière de le faire. Les frappes consécutives en avançant et en reculant devraient être faites dans la même expiration, de même que la dernière coupe.

Il y a ensuite le cas de l’angle de la lame lors des attaques. On voit souvent les pratiquants exécuter les attaques avec de grands angles sur chaque côté. De nouveau, ceci n’est pas correct. La main gauche ne devrait jamais dévier de la ligne centrale du corps. Si la main gauche alterne de la gauche vers la droite à chaque attaque, votre technique ne va pas se développer et l’exercice tout entier sera futile. La main gauche se déplace verticalement le long de l’axe central et le shinai devrait être tourné à chaque fois pour s’assurer que la lame est dans le bon angle de coupe pour chaque côté.

La distance d’attaque est aussi très importante. Maintenez une distance qui est relative au motodachi pour garantir que le monouchi du shinai frappe les côtés du men de manière efficace. Chiba Shūsaku, le fameux maître de sabre de la période Tokugawa (1603 – 1868), a rapporté les points importants suivants par rapport au kirikaeshi :

Dix points pour le kakari :

  1. L’attaque doit être pleine d’entrain et doit devenir progressivement plus rapide
  2. L’attaque devrait être puissante
  3. Allongez votre respiration au maximum
  4. Les bras ne devraient pas être limités en mouvement
  5. Le corps doit se déplacer de façon légère et adroite
  6. Des shinais de plus grande longueur devraient être utilisés sans lésiner
  7. Le bas du corps devrait être stable, avec la puissance focalisée sur l’abdomen.
  8. Les yeux doivent être vifs
  9. Maintenez la distance correcte d’attaque
  10. Assurez-vous que le tenouchi est souple, et que chaque frappe résonne.

Huit points pour le motodachi :

  1. Soyez calme
  2. Les yeux doivent être vifs
  3. Observez le mouvement de chaque attaque avec attention
  4. Le mouvement du corps doit se faire sans effort
  5. Le corps doit être stable et régulier
  6. Le tenouchi doit être ferme
  7. Bloquez chaque attaque de manière nette
  8. Accumulez la force dans vos bras.

Il y a deux méthodes principales pour recevoir un kirikaeshi : tenir le shinai en position verticale et bloquer chaque attaque alternativement sur la gauche et la droite du corps; et maintenir la main gauche au centre du corps tout en frappant vers le bas sur chaque frappe. Quelle est la meilleure façon de recevoir ? On trouve beaucoup de méthodes pour recevoir le kirikaeshi, et quasiment autant de justifications pour chacune. J’ai entendu de Mochida Moriji-sensei (H10-dan) que quand on reçoit de chaque côté du corps, la main gauche ne devrait pas se déplacer de plus de 10 cm. Il a aussi dit qu’il est mieux de recevoir chaque attaque avec un mouvement de suri-otoshi. Quand vous recevez le kirikaeshi d’un débutant, faites cela en tirant très légèrement en arrière votre propre shinai pour encourager l’attaque à s’allonger plus. Pour ceux qui frappent plus fort, le suri-otoshi est utile pour les aider à apprendre à réguler la force de l’attaque.

Il est courant d’entendre à quel point le kirikaeshi était central dans l’entraînement dans l’ancien temps. Les anciens sensei racontent leur jeunesse au cours de laquelle ils ne pratiquaient que le kirikaeshi. Etait-ce le cas , et si oui, n’était-ce pas un peu excessif ? En fait, quant j’étais étudiant au Tokyo Higher Normal School, nous n’avons pas fait beaucoup de kirikaeshi à dire vrai. Je ne dit pas que c’était une bonne chose, mais nous passions souvent directement au ji-geiko. Nous n’avons pas fait de kirikaeshi de manière excessive, comme c’était le cas dans d’autres lycées.

Inutile de dire qu’il ne fait aucun doute que le kirikaeshi est absolument crucial pour apprendre les bases, mais seulement si il est pratiqué correctement. Si votre main gauche s’égare du centre, ou si vos frappes sont petites, ou lancées en avant de votre corps au lieu d’au-dessus de votre tête, alors il n’y a aucun intérêt à le pratiquer.